A mon arrivée à Tribhuwan Airport,
rien n’est vraiment comme prévu. Tout s’accélère. La pré-mousson est en avance, quelques népalais, les camions bariolés indiens, les taxis rares, les nombreux scooters, les cyclistes et les piétons habillés tout en sharias rouge et orange, s’enfoncent de plus en plus dans l’eau qui monte. Le médaillon du dieu éléphant Ganesh pendu au rétroviseur bouge à chaque coup de volant donné pour éviter vaches, cyclistes, piétons… Bienvenue car salvatrice, cette première pluie est accueillie avec calme par le peuple népalais, elle nettoie la ville de cette poussière perpétuelle qui pénètre tous les petits recoins des sculptures divines, de cette fumée piquante émanent des tas d’ordures en feu, de ces gaz noirs qui s’échappent de ces gros camions bariolés indiens, des dernières poussières des ruines des grandes secousses qui ont fait trembler cette terre paisible encore et encore.
Et j’y suis enfin. Devant son école. Le temps s’arrête. Et tout est comme prévu. Ses yeux bridés tibétains m’accueillent avec un sourire timide, il joint ses deux mains fines et tannées devant sa poitrine, son jeune corps élancé, et je suis sous le charme de cet adolescent.